Je ne vais pas vous dire que les américains ont attaqué des civils en Libye à coup de phosphore, ni que les bombes lâchées en Irak contenaient des particules nucléaires… non, parce que je n’ai pas de preuves, à part des photos de villages brûlés, par des bombes interdites par les conventions de guerre internationales ou juste par une cigarette mal éteinte, lisez juste ce qui suit, un article de la liberté (Suisse) et vous verrez que les armes de guerre interdites en situation de guerre ne sont pas plus utilisées que les gaz lacrimo interdits même en cas de guerre !


Quel gaz les forces de l’ordre ont-elles utilisé sur la place Al Tahrir pour disperser les manifestants? Sur le terrain, de nombreux témoignages, notamment de médecins, décrivent des effets assez terrifiants comme des troubles neurologiques. «C’est comme si les yeux allaient sortir des orbites», décrit un insurgé gazé, victime de troubles respiratoires et de perte de la vue.
Dans une vidéo postée sur Facebook hier, on voit une personne à terre secouée de spasmes. Le site d’information indépendant égyptien bikyamasr.com dévoile une photo de cartouche tirée par la police et les militaires sur la place Al Tahrir contenant un gaz lacrymogène très agressif, le «CR» (dibenzoxazepine), décrit comme six à dix fois plus puissant que le gaz lacrymogène «CS» (dichlorobenzal et dérivés) employé en France notamment.

Trois sortes de gaz
Sur la photo diffusée par le site d’information égyptien, on peut lire que le fabricant est américain, Combined Tactical Systems basé à Jamestown (Pennsylvanie, USA). Mais cette firme ne donne aucune information à la presse. C’est que la branche du lacrymogène aime conserver une certaine opacité. On se souvient de la cargaison de gaz lacrymogène français repérée sur le tarmac de Roissy à destination de la Tunisie au début des révoltes… Une cargaison qui avait toutes les autorisations légales. La France n’achemine plus ce matériel dans les pays du Maghreb, au Moyen-Orient ou en Afrique, depuis les révoltes du Printemps arabe. Un contact tenté par «La Liberté» avec un producteur français de gaz lacrymogène autorisé n’a rien donné.
Un professionnel de la branche actif en France – qui souhaite garder l’anonymat – s’étonne toutefois des effets décrits par les gaz utilisés sur la place Tahrir et pense qu’il ne s’agit pas de lacrymogène usuel, ce dernier ne provoquant pas de troubles neurologiques. Même si, comme le rapporte bikyamasr.com, il s’agirait de cartouches périmées depuis plusieurs années.
C’est aussi l’avis de spécialistes en Suisse. «A ma connaissance, il y a trois sortes de gaz ­lacrymogènes», explique Hugo Kupferschmidt, directeur du Centre d’information toxicologique basé à Zurich. «Le CR, le CS et le CN. Les cartouches de gaz CR dégagent normalement une fumée jaune, or celles aperçues à la télévision émettaient de la fumée blanche.»
Selon H. Kupferschmidt, les gaz lacrymogènes usuels, même fortement dosés, ne provoquent pas de troubles neurologiques. «Les effets décrits me font penser que les cartouches employées contenaient des gaz de type nervins, qui sont de vraies armes chimiques de guerre», ajoute le spécialiste. «Il s’agit peut-être d’un produit semblable à celui utilisé par les forces spéciales russes lors de la prise d’otage du théâtre de la Doubrovka de Moscou du 23 octobre 2002.»
Si l’on en croit les effets décrits sur les gazés de la place Al Tahrir, les substances employées provoquent des lésions aux poumons, cœur et foie.

Manifestants tués
Or, d’après Hugo Kupferschmidt, les lacrymogènes n’atteignent que les voies respiratoires. Il s’agit peut-être bien de nervins, comme le prétend un message lâché sur Twitter par Mohamed El Baradei hier. Le candidat déclaré à l’élection présidentielle prévue avant fin juin 2012 en Égypte a dénoncé la violence dont ont fait preuve les forces de l’ordre et accuse: «Du gaz lacrymogène contenant des agents innervants et des balles réelles sont utilisés contre les civils à Tahrir, c’est un massacre.» Human Rights Watch affirme aussi que des tirs de lacrymogènes effectués à bout portant ont tué des manifestants sur le coup.
Voilà ce qui met l’Egypte en ébullition, en plus de la contestation du pouvoir militaire et les désillusions à la suite du discours hier du Maréchal Tantaoui. Dans le pays, une forte polémique au sujet de l’emploi de ces gaz prohibés a éclaté. L’armée tente de s’en laver les mains et le Ministère de la santé égyptien dément formellement l’utilisation de tels moyens.

Effets à long terme
Mais ce qui inquiète, c’est que les gens subissent depuis cinq jours les tirs de ces gaz. Quels sont les effets à long terme? Un professeur en neurologie de l’Université Ain Shams du Caire contacté par nos soins a testé les effets sur lui en s’exposant longuement sur la place Al Tahrir. «Il provoque plusieurs symptômes tels que des crises convulsives, des spasmes oculaires et une détresse respiratoire.»
Selon ce spécialiste, le type de gaz utilisé est encore indéterminé, mais il est certainement plus corrosif que celui qui a été utilisé par les forces de Moubarak en janvier. Et d’inciter les Egyptiens à collecter le maximum de vidéos et de douilles possible pour d’éventuelles poursuites judiciaires. I

Les auteurs de cet article l’ont enrichi de témoignages et publié sur rue89, ici